Quadri Gleux

Référence: 
D02
Remarque: 
Comme l’ont déjà fait sentir plusieurs extraits, les personnes voyantes ressentent en réalité le monde au moyen de leur cinq sens, et les personnes aveugles ne font qu’aiguiser les quatre sens qui leur restent. Le scripteur aveugle D2 raconte comment un couple de jeunes retraités qui viennent tous les deux de perdre la vue s’en vont rendre visite à leurs enfants et petits-enfants au Swaziland.

La ‘’Meilleure Moitié’,’ d’Henri, se demandait « Comment faire pour reconnaître deux bébés (habillés) pratiquement du même âge ? » En quarante huit heures, elle n’eu plus l’ombre d’une hésitation :

Maeva, l’aînée, avait beaucoup de cheveux. Elle était peu potelée. Ses yeux étaient tellement en amande qu’il fallait faire attention en lui caressant les tempes. Lorsqu’elle pleurait, on la sentait vraiment malheureuse… de gros sanglots venaient du tréfonds de son petit corps. Une fossette au menton était la signature du Papa. Maeva tétait lentement, ses petits poings fermés, consciencieusement. Elle sentait la vanille.

Kevin, confortablement installé dans sa peau étonnamment douce et souple, avait un son de voix curieusement grave pour un si jeune enfant. Il passait du jase aux pleurs instantanément. Engloutissait les bouillies comme s’il était à jeun depuis deux jours. Il remuait bien moins que sa cousine. Il sentait le lait fraîchement trait. Son grand frère, Anthony, cinq ans, le couvait. Il disait à sa grand-mère « le casse pas, Mami ».