« Là, je t’enveloppe de mes bras, tout entière, minuscule. Tu gigotes, étonnée, sous le drap raide, cherchant ma peau. Moi, caressant la tienne. Douce, parfaite. Le glissement de mes lèvres sur un pétale à peine éclos, entre la soie et le velours. La rondeur de tes joues tendres réclame un baiser ; mon nez frôle le grain lisse et frais de ton front délicat. Je plonge mon visage dans la chaleur humide de ton cou. Ma bouche cherche la tienne. Je respire ton haleine. Un souffle si léger, rapide. La vie. A pleins poumons je me remplis de toi. Nos odeurs de sueur, de lait et de sang se sont emmêlées. Un parfum puissant, animal. Une subtile combinaison chimique nous enracine l’une à l’autre : étrange mélange d’effluves aux teintes de caramel, de levure acide, de rouille et d’argile, de marée et de forêt après la pluie. Les composantes se chevauchent, se recouvrent, me baignent dans un état d’ivresse maternelle. Autour de toi flottent ces vagues gourmandes de miel, de pain et de yaourt, puis s’enchaînent d’autres notes minérales et métalliques, et d’autre encore, incomparables, brassées d’émotions archaïques. Mes odeurs, tes odeurs. Il nous faudra les différencier.
Coralie.
Tu viens d’entrer dans le monde.
Tu viens de sortir de moi.